D'où vient l'expression "coûter les yeux de la tête"?
L’argent fait partie de notre vie quotidienne et influence de nombreuses décisions que nous devons prendre chaque jour. Il est donc normal qu’il fasse l’objet de passablement de jeux de mots, proverbes ou autres expressions. Quand on s’interroge sur le rapport qualité-prix d’un objet qu’on veut acheter et qu’on se rend compte du sacrifice financier à faire, on utilise parfois l’expression « coûter les yeux de la tête ». La première trace écrite de cette formule est attribuée à Balzac, mais l’origine exacte de l’expression n’est pas connue.
Ce qui est sûr, c’est qu’elle vient de l’importance primordiale attachée aux yeux.
On parle aussi de la prunelle de ses yeux pour quelque chose ou quelqu’un à qui ou à quoi on tient au plus haut point, et dont on prend le plus grand soin. Une des théories les plus répandues remonte à l’Antiquité romaine lorsque l’on pratiquait la décapitation. Dans certaines circonstances, les yeux des condamnés étaient prélevés avant leur exécution, ce qui montre à quel point ils étaient considérés comme un organe précieux.
On trouve aussi au Moyen-Âge la formule « saquier les yeux », équivalent d’arracher les yeux, qui veut dire punir sévèrement. Preuve de la valeur accordée symboliquement aux yeux depuis longtemps. D’autres théories suggèrent que l’expression pourrait être liée au coût élevé des yeux de verre, qui étaient utilisés pour remplacer les yeux perdus dans les batailles.
Il existe plusieurs variantes de cette expression…
Toujours avec des parties du corps considérées comme étant de la plus haute importance. On dit parfois que ça coûte un bras, un rein, la peau du dos, ou encore la peau des fesses. L’origine de cette dernière expression est attribuée à Alphonse Allais, qui était journaliste et humoriste, et qui a inventé « ça coûte la peau » en 1897. Il y a une autre hypothèse sur l’origine de cette formule qui pourrait être plus ancienne. A l’époque byzantine, la cité grecque d’Ephèse possédait un port sur la mer Egée qui tournait à plein régime. On y vendait des épices, du bois précieux et des fourrures. Notamment des peaux d’ours qui étaient à la mode, mais très rares et très chères. De là serait née l’expression « ça coûte la peau d’Ephèse ». Qui serait devenue la peau des fesses.
La comparaison entre quelque chose qui coûte très cher et une partie du corps n’est pas exclusive au français...
Il en existe aux quatre coins du globe. Une expression similaire en allemand dit que ça coûte le blanc des yeux ; en Espagne, ça coûte un œil et la moitié de l’autre ; en anglais ça coûte un bras et une jambe et au Vietnam on parle d’un prix qui coupe la gorge. Il y a même une expression genevoise qui dit que ça coûte le lard du chat. A vous de choisir dans toutes ces formules celle que vous préférez !
Article écrit par RTN et issu de la chronique "Soyons cash", l'émission qui répond à vos questions d'argent lancée en collaboration avec la BCN. Diffusée chaque mardi à 10h34 sur les ondes, les sujets sont également disponibles sur rtn.ch (Emissions - Les chroniques - Soyons cash).