Augmenter le budget militaire pour arrêter la guerre
L’Allemagne a récemment annoncé un plan d’investissements massif pour sa défense et son économie. Le projet comprend la levée d’un fonds d’infrastructure de 500 milliards d’euros et la réévaluation des règles d’emprunts actuelles. Une démarche qui a de quoi surprendre car le pays appliquait depuis de nombreuses années une politique d’endettement stricte.
Concrètement, l’objectif est d’atteindre au moins 100 milliards d’euros par an de dépenses pour l’armement, soit près du double de ce qui est prévu actuellement. Pour le futur chancelier allemand Friedrich Merz, la seule règle qui compte à présent est celle du «quoi qu’il en coût ». Le virage est donc radical et fait suite à la volonté européenne de se détacher de la dépendance militaire des Etats-Unis après que Donald Trump a gelé son soutien à l’Ukraine.
Mettre fin à la guerre
La Commission européenne avait annoncé plus tôt dans la semaine la mobilisation de 800 milliards d’euros pour renforcer la défense. Dans ce remue-ménage, les Etats-Unis ont peut-être obtenu ce qu’ils souhaitaient en forçant l’Europe à prendre son destin en main et à agir pour la résolution du conflit russo-ukrainien.
Sur les marchés, la nouvelle a été bien accueillie car elle sous-entend une reprise de la croissance de la première économie européenne après deux années de récession. Sans surprise, les valeurs de la défense ont été particulièrement recherchées. Rheinmetall, le spécialiste de l’armement, a progressé de 5% et atteint son plus haut historique. Le rendement des obligations allemandes à 10 ans a bondi de 30 points, soit la plus forte progression depuis 1990, et l’euro a été catapulté de 0,9360 à 0,9630.
Hausse de l'inflation
Ces progressions reflètent les anticipations des investisseurs sur une hausse de l’inflation alimentée par l’augmentation des dépenses. Dans ce contexte, la tâche de la Banque centrale européenne se complique. L’institut devra faire preuve de finesse dans ses prises de décisions afin de juguler l’inflation, mais sans pour autant freiner la croissance.
Une version de cet article est parue dans ArcInfo.