Le Japon défie la tendance mondiale
Alors que la plupart des grandes banques centrales s’orientent vers des baisses de taux face aux risques de ralentissement économique, la Banque du Japon (BoJ) adopte une approche radicalement opposée. Après des décennies de politique monétaire ultra-accommodante, l’institut a amorcé un resserrement progressif et marque ainsi un tournant historique.
Pendant des années, la BoJ a maintenu des taux d’intérêt extrêmement bas pour stimuler la croissance et contrer la déflation persistante. Aujourd’hui, le vent tourne. L’augmentation des salaires réels combinée à une inflation sous-jacente proche de 2% a poussé la banque centrale à resserrer progressivement sa politique monétaire.
En résultat, le rendement des obligations d’Etat japonaises à 10 ans s’est envolé à 1,29%, un niveau inédit depuis 14 ans. De son côté, le yen a enregistré un renforcement notable face au dollar et au franc, soutenu par la perspective d’un rétrécissement de l’écart de taux avec les Etats-Unis et la Suisse.
Stabiliser l'inflation
L’objectif principal de la BoJ est de stabiliser l’inflation autour de 2%, mais cette stratégie n’est pas sans danger. Le Japon affiche une dette publique colossale qui dépasse les 260% du PIB et une hausse trop brutale des taux d’intérêt pourrait alourdir le coût de financement de l’archipel. De plus, en adoptant une trajectoire opposée à celle des autres banques centrales, l’institut risque de provoquer des turbulences sur les marchés financiers, avec des sorties de capitaux vers des économies où le crédit reste bon marché.
Si la BoJ réussit son pari, elle pourrait enfin sortir le pays de sa stagnation économique et restaurer une dynamique de croissance saine. Mais le moindre faux pas pourrait avoir des conséquences importantes sur l’Empire du Soleil levant qui est déjà confronté à une démographie déclinante et une faible productivité. En définitive, entre renouveau et instabilité, l’archipel joue gros.
Une version de cet article est parue dans Arcinfo.