Quel avenir pour l’industrie solaire européenne?
Jamais le photovoltaïque n’a été aussi prisé. En Suisse, la puissance annuelle installée s’est encore agrandie de 40% en 2023 d’après Swissolar. Pourtant, la reconstruction espérée de l’industrie solaire sur sol européen est en grand péril. Une situation ubuesque. Des panneaux locaux, avec de meilleurs rendements que ceux de la concurrence, en plein boom de la transition énergétique : les fondamentaux paraissaient solides.
Cependant, les perspectives pour le secteur sont sombres. La faute aux inévitables concurrents chinois. En effet, l’industrie photovoltaïque chinoise, où se concentre presque 80% de la production mondiale, est en surcapacité et, pour vider les stocks, les fabricants de l’Empire du Milieu ont décidé de les brader. Au cours des derniers mois, les prix ont chuté entre 40% et 50% avec des modules solaires qui sont proposés bien en deçà des coûts de fabrication. Pour ne rien arranger, l’équivalent de 100 GW de capacité solaire serait entreposé à ce jour en Europe alors que le Vieux Continent en installe 50 GW par année.
De plus, la crise budgétaire en Allemagne a contraint le gouvernement à réduire, ou supprimer, les aides prévues à l’industrie photovoltaïque suite à un arrêt de la plus haute juridiction allemande. Cette décision réduit de facto de 60 milliards d’euros le budget du fonds spécial destiné à soutenir la décarbonation de l’économie. Une situation intenable pour le secteur qui doit en outre répondre à des normes que d'autres ne respectent pas, comme sur l’usage de substance toxique ou les conditions de travail.
Même si la baisse des coûts est une bonne nouvelle pour accélérer la transition énergétique, elle crée une situation très précaire pour les fabricants européens de panneaux solaires. Alors que l’Europe a fait une sorte de « all in » dans les renouvelables, il paraît crucial de sauvegarder une production locale. La balle est dans le camp des décideurs, surtout que la baisse ne profite pas au consommateur.
Une version de cet article est parue dans Arcinfo.