Le pétrole à la croisée des chemins
Le secteur pétrolier reste au centre de l'économie mondiale, malgré la montée en puissance des énergies renouvelables et les défis environnementaux. L'évolution de la demande, la géopolitique et les stratégies de production des principaux acteurs influenceront le prix de l’or noir en 2024, le baril de Brent s’échangeant autour de 80 dollars hier.
Le report récent de la réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP+), reprogrammée jeudi, illustre les tensions internes liées aux enjeux de quotas de production. Il soulève également des questions sur la cohésion de l'alliance, notamment avec les pays africains, et la capacité à maintenir un équilibre face à la montée en puissance de producteurs hors OPEP comme les Etats-Unis, le Canada et la Norvège.
Le jeu ou l'enjeu des quotas
Une explication de cette évolution réside dans l’efficacité accrue des investissements dans le secteur pétrolier: pour chaque dollar dépensé, l'industrie produit désormais le double de barils par rapport à 2014. Face à cette nouvelle réalité, la politique de l'Arabie Saoudite, qui s'engage à faire «tout ce qui est nécessaire» pour maintenir des prix élevés, jouera un rôle clé dans l'équilibre du marché. En effet, le royaume envisage de prolonger ses réductions de production volontaires en raison d’un marché en légère surproduction en 2024. Mais cette fois-ci, le royaume exigera une conformité totale des membres de l’OPEP sur les quotas de production. En 2023, l’alliance a vu des pays comme la Russie, les Emirats arabes unis et l'Irak produire au-delà de leurs quotas, complexifiant la situation et renforçant les tensions existantes.
Plusieurs scénarios de prix
En 2024, le marché du pétrole ressemblera donc à un cocktail d’incertitudes, de dynamiques géopolitiques et d’enjeux environnementaux. La façon dont l'OPEP+ gérera ces défis déterminera l'avenir des prix du pétrole. Au final, la probabilité d’un résultat sans accord ou d’une guerre des prix du pétrole au sein du cartel est faible. Cependant, le risque sur les prix du pétrole reste asymétrique, soit bien en-dessous de 70 dollars dans le scénario sans accord ou le maintien des prix actuels dans le scénario de base.