CAP Serrurerie, une transmission d’entreprise qui s'apparente à un grand huit
Basé à Cornaux, le spécialiste de la construction métallique a changé de propriétaires il y a une année. Deux des acquéreurs, un interne à l’entreprise et un externe, racontent cette étape difficile mais nécessaire pour pérenniser et développer la société.
Etes-vous déjà monté dans le Silver Star, l’attraction phare d’Europa-Park en Allemagne voisine? Un parcours de plus de 1600 mètres de long avec des montées lentes, des chutes vertigineuses, des pics d’adrénaline et un arc-en-ciel d’émotions. C’est exactement ce genre de parcours – appelons-le montagnes russes – par lequel Bastian Miéville a dû passer pour acquérir CAP Serrurerie à Cornaux.
Spécialisée dans la construction métallique, plus précisément dans la fabrication de balustrades, garde-corps, escaliers, portes, balcons, vérandas ou portails automatiques, cette PME neuchâteloise compte une petite vingtaine d’employés fixes et est réputée pour sa réactivité, entre autres. La transaction avec les anciens propriétaires a été bouclée il y a une année. C’est donc avec un peu de recul que les nouveaux dirigeants ont accepté de raconter cette transmission rare car mixte, avec des acheteurs internes et externes à l’entreprise.
«Pas sûr que je recommencerais…»
«Combien de fois j’ai failli tout envoyer balader? Plusieurs fois en tout cas, répond Bastian Miéville sans détour. Je suis très heureux d’avoir réalisé cette acquisition, mais honnêtement, je ne suis pas sûr que je recommencerais ce parcours du combattant.» Dans cette aventure entrepreneuriale, il s’est lancé avec le responsable technique Roberto Giaccari, et a embarqué un ami suite à une discussion au coin du feu, Ernesto Rodriguez. Une holding a été créée pour favoriser la transmission.
«Le fait que nous soyons plusieurs associés ne m’a pas freiné, enchaîne Ernesto Rodriguez, l’externe de l’équipe opérationnelle. Quand vous êtes jeunes comme nous le sommes, la trentaine, il faut savoir saisir des opportunités. L’objectif est de faire progresser la société et je sais que d’autres portes vont encore s’ouvrir.»
Flottement à la reprise
Six mois de rodage ont toutefois été nécessaires après la conclusion de la vente. «Il y avait du flottement et beaucoup à faire, mais nous avons surtout énormément appris», confie Bastian Miéville. Ce dernier avait accompli son apprentissage de serrurier dans l’entreprise, avant de compléter sa formation ailleurs, puis de revenir dans sa boîte de coeur. «Quand j’avais 17 ans, l’ancien patron me taquinait déjà sur ma reprise future de l’entreprise. J’ai donc toujours eu cette envie dans un coin de ma tête.»
Mais pour gagner cette liberté et devenir son propre patron, le jeune professionnel a dû s’adapter. Aux aspirations de chaque repreneur, pour que la mayonnaise prenne à long terme. Aux exigences des vendeurs, pour lesquels le prix était non négociable et dont l’un souhaitait rester actif dans l’entreprise. Aux demandes de la banque, de la BCN en l’occurrence, qui a exigé des garanties et a pu financer en partie l’opération grâce au Cautionnement Romand.
Opération très complexe
«Tant que les personnes ne sont pas concernées par la transmission d’entreprises, elles ne se rendent pas compte de la complexité d’une telle opération, relève Frédéric Bigler, responsable Entreprises à la BCN. C’est un jeune conseiller BCN qui a pu accompagner cette reprise, que nous sommes heureux d’avoir pu financer.» Les clients ont apprécié que leur conseiller BCN, Anthony Adam, soit de la même génération qu’eux: «Cette proximité d’âge a vraiment fluidifié la relation, et par conséquent les nombreuses démarches.»
Les deux jeunes patrons interrogés, qui continuent de baigner dans la modestie liée aux métiers difficiles de la construction, sont reconnaissants de l’accompagnement dont ils ont bénéficié, que ce soit avec leur banque, mais également avec leur fiduciaire, leur entourage, etc. «Sans ce précieux soutien, nous aurions abandonné», admet Bastian Miéville.
Une bonne année 2022
Aujourd’hui, les jeunes entrepreneurs ont déjà repris ensemble le Silver Star pour leur première année d’activité. Le creux du début d’année a été vite compensé par une jolie remontée des affaires, si bien que l’exercice 2022 s’annonce très bon pour CAP Serrurerie. Ils savent qu’ils ne sont pas au bout de leurs émotions, mais ils espèrent dompter ces montagnes russes pour pérenniser l’entreprise et les emplois.
Légende photo: Les rênes de l’entreprise CAP Serrurerie à Cornaux sont désormais tenues par Ernesto Rodriguez, Roberto Giaccari et Bastian Miéville (de gauche à droite).