Un sentiment noir plane sur l’Europe
Depuis plusieurs mois, une divergence marquée s’observe entre les performances économiques et boursières des Etats-Unis et de l’Europe. Alors que la croissance américaine atteint près de 3%, elle peine à être supérieure à zéro en Europe.
Ce contraste met en lumière les défis structurels pour le Vieux Continent: un coût énergétique élevé, des infrastructures vieillissantes et une productivité stagnante, alors qu’aux Etats-Unis un environnement plus favorable encourage l’innovation.
Les incertitudes politiques en Europe amplifient ces fragilités. En Allemagne, la coalition tripartite pourrait s’effondrer avec des élections anticipées possibles en 2025. Du côté de la France, la fragmentation politique suscite des inquiétudes croissantes. Ces instabilités se reflètent dans la hausse des primes de risque sur les obligations allemandes et françaises, signe que les investisseurs exigent une rémunération accrue pour compenser les risques perçus.
L’exposition de l’Europe à la Chine accentue également cette divergence. Le ralentissement économique chinois, marqué par des signes de déflation et des interventions gouvernementales pour stabiliser son économie, pèse lourdement sur les perspectives des entreprises européennes plus dépendantes de ce marché que leurs homologues américaines.
Phase difficile pour l'industrie automobile
Enfin, l’industrie automobile européenne, représentant 7% de la valeur ajoutée brute de l’Union européenne des emplois, traverse une transition difficile vers le véhicule électrique, avec une concurrence accrue de constructeurs internationaux. Les défis s’accumulent pour les acteurs historiques d’un secteur essentiel dans la création de richesse et d’emplois qualifiés en Europe.
Cette conjonction de facteurs défavorables se traduit par une décote boursière marquée en Europe où le ratio cours/bénéfices est de 13,3x, contre 22x aux Etats-Unis. La question est de savoir si cette dévaluation représente une opportunité d’investissement ou si elle reflète des défis structurels plus profonds. Dans ce contexte incertain, la question reste ouverte: l’Europe saura-t-elle renverser la tendance?
Une version de cet article est parue dans Arcinfo.