Quand les taux s’emballent malgré des signaux de détente
Il peut sembler contre-intuitif que les taux d’intérêt à long terme augmentent alors que les banques centrales, et notamment la Réserve fédérale américaine (Fed), assouplissent leur politique monétaire en abaissant leurs taux directeurs. En effet, alors que la Fed a réduit ses taux de 0,5% le 18 septembre dernier, les rendements du bon du trésor américain à 10 ans ont progressé de plus de 0,5%.
Plusieurs éléments expliquent cette dynamique. Premièrement, les anticipations d’une économie américaine plus robuste que prévue, comme l’illustre la récente révision à la hausse des prévisions de croissance du FMI. Des investisseurs optimistes quant à la bonne tenue de l’économie ont tendance à délaisser les obligations pour rechercher des rendements plus élevés dans d’autres classes d’actifs plus risquées.
Deuxièmement, le paysage politique joue également un rôle important. Donald Trump semble, pour le moment, être en tête dans la course à l’élection présidentielle de novembre prochain. Au vu du programme proposé par le républicain, il en ressort des pressions inflationnistes et les investisseurs ajustent leurs attentes. Ces derniers exigent donc des rendements plus élevés sur les obligations à long terme pour se prémunir contre la dépréciation future de leurs investissements.
Troisièmement, la baisse des taux directeurs de la Fed était largement anticipée par les marchés et donc déjà intégrée dans les prix des actifs financiers. Des prévisions revues à la baisse exercent mécaniquement des ajustements sur les rendements obligataires.
En conclusion, la montée des taux à long terme dans un environnement de réduction des taux d’intérêt directeurs montre que cet outil, à disposition des banques centrales, a un impact direct sur les taux à court terme mais qu’il est plus difficile d’influencer directement la partie longue de la courbe des taux d’intérêt.
Une version de cet article est parue dans Arcinfo.