Le roi dollar en perte de vitesse
«Il y a des semaines où rien ne se passe, et il y a des semaines où des décennies se produisent», disait Lénine. Nous pourrions être au seuil d’une telle période si les Etats-Unis parviennent à redresser les déséquilibres de la balance commerciale avec la Chine, le Mexique, l’Union européenne et d’autres partenaires économiques.
Nous vivons dans un monde dans lequel l’offre d’actifs de réserve en dollars diminue, ce qui entraîne un billet vert plus faible, des devises étrangères plus fortes et des rendements du Trésor américain plus élevés.
A quoi ressemblerait un monde dans lequel les Etats-Unis auraient un déficit moindre? Nous n’avons pas besoin d’utiliser notre imagination, car c’est un monde dans lequel nous vivons de plus en plus. La saisie des avoirs de réserves russes après l’invasion de l’Ukraine a marqué un changement radical dans l’attitude internationale à l’égard du dollar comme monnaie de réserve. Lentement mais sûrement, les pays se diversifient, délaissant le dollar et se tournant vers d’autres actifs d’épargne. Sur le plan fonctionnel, ce n’est pas différent de ce qui se produirait avec un déficit commercial américain inférieur.
Un œil sur l'or
Il suffit de regarder la hausse de l’or pour voir ce qui se passe lorsqu’une pénurie d’actifs d’épargne comme les bons du Trésor est anticipée, du fait d’une baisse de la demande due à la volonté des Etats-Unis de ne plus être, ni le gendarme du monde, ni le consommateur de premier recours. En jetant un coup d’œil sur les réserves officielles d’or, on constate qu’elles ont augmenté quasiment du même montant que celles du dollar ont diminué depuis 2022.
Avant la guerre en Ukraine, la croissance de la dette américaine à l’étranger reflétait la croissance des avoirs de réserve internationaux libellés en dollars. Mais depuis 2022, il résulte une nette divergence: les étrangers achètent toujours de la dette américaine, mais la majeure partie ne provient pas des achats officiels des banques centrales sous forme d’actifs de réserve.
En conclusion, l’investisseur averti ferait bien d’avoir un tant soit peu de métal jaune dans son portefeuille.
Une version de cet article est parue dans ArcInfo.