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Le canard boiteux des métaux précieux

BCNEconomie

10.09.2024, par Jérémie Fringeli, collaborateur Trésorerie & Négoce

Depuis un peu plus d’une année, le secteur des métaux précieux a connu une ascension sans précédent. Cette hausse fulgurante s’explique par les baisses de taux à venir aux Etats-Unis qui favorisent les actifs sans revenu et par les tensions géopolitiques en Ukraine et au Moyen-Orient qui poussent les investisseurs à se tourner vers des valeurs dites «refuges». Cependant, si l’or et l’argent ont progressé d’environ 25% au cours des douze derniers mois, tous les métaux n’ont pas connu la même fortune.

Le platine a vécu une année moins faste, enregistrant un gain d’à peine 0,5%. Cette divergence de trajectoire peut s’expliquer par l’utilisation de ce métal industriel, principalement destiné aux catalyseurs des moteurs des voitures à essence. Or, la tendance générale mondiale s’oriente vers les énergies vertes, le parc automobile étant peu à peu remplacé par l’émergence des voitures électriques qui ne nécessitent pas de platine pour leur fabrication. En réaction, la demande pour l’alliage diminue fortement. A cela s’ajoute le fait que la Chine, principale utilisatrice de platine, rencontre des difficultés industrielles et peine à relancer son économie. Un horizon assombri qui a pesé sur les cours du métal, lequel a perdu environ un tiers de sa valeur à partir de début 2021 jusqu’à aujourd’hui.

Des producteurs miniers impactés

De plus, la perte d’intérêt pour le platine commence à impacter les producteurs miniers qui cherchent petit à petit à se détacher du secteur. Anglo American, l’un des principaux extracteur mondial, avait déjà annoncé en début d’année son intention de supprimer des milliers d’emplois dans son activité de platine en Afrique du Sud. Les PDG de Northam et Impala, deux autres géants de l’industrie, ont également fait des déclarations pessimistes après la publication de résultats décevants, déclarant que la production des mines n’était pas viable et qu’elle serait amenée à diminuer dans les années à venir. Tous ces facteurs n’indiquent pas de bonnes perspectives pour le platine qui devrait rester encore un moment dans l’ombre de l’or et de l’argent.

Une version de cet article est parue dans Arcinfo.