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La bataille du plafond de la dette américaine

Economie

07.02.2023, par Olivier Nicolet, conseiller Private Banking

Les Etats-Unis ont atteint le 19 janvier dernier leur plafond d’endettement autorisé, fixé en 2021 à 31,38 milliards de dollars. La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a été contrainte d’adopter des mesures extraordinaires afin d’honorer ses obligations sur la dette existante, notamment avec la suspension de versements à des fonds de retraite et prestations de santé ou d’invalidité des agents publics.

Dans l’intervalle, un délai de suspension sur les émissions de dettes a priori nettes de remboursements, s’étalera jusqu’au 5 juin.

D’ici là, il faudrait que le Congrès parvienne à un accord et relève le plafond de la dette, sans quoi les Etats-Unis pourraient se trouver en défaut de paiement. Si on devait en arriver là, les taux d’intérêt augmenteraient d’une manière significative et le dollar se déprécierait fortement, ce qui amènerait des conséquences fâcheuses pour l’économie globale au regard de son statut de monnaie de réserve mondiale. 

Une situation délicate

Cette situation n’est pas inédite, mais jusqu’à présent, elle n’a jamais porté à conséquence. Néanmoins, le contexte économique actuel et surtout les règles au Congrès ont changé. En effet, pour obtenir enfin les votes de sa majorité à la Chambre des représentants le 7 janvier, le républicain Kevin McCarthy, son nouveau président, a dû faire des concessions inédites aux ultra-conservateurs du GOP (Grand Old Party) sur les règles de fonctionnement de la chambre basse. Dorénavant, un seul député (contre cinq auparavant) peut désormais déposer une motion de défiance contre le président du Congrès. De nouvelles règles permettent aussi de bloquer l’examen d’une législation qui accroîtrait les dépenses publiques ou d’imposer un vote à la majorité qualifiée pour augmenter les impôts – avec dans les deux cas de nouvelles obligations de mesures des effets macroéconomiques et monétaires. 

Une manœuvre plus compliquée que prévu

Par le passé, les présidents des Etats-Unis, de la Chambre et du Sénat finissaient toujours par débloquer la situation avec un texte de compromis trouvé au dernier moment, et imposé en bloc aux élus du Congrès qui le votaient en suivant les consignes. La manœuvre risque d’être plus compliquée cette fois-ci.
 

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