Fin de règne pour le carry trade en yen
Le carry trade en yen, une stratégie d’investissement qui a longtemps été une source de rendements pour les investisseurs, fait face à un environnement économique en mutation.
La récente hausse des taux d’intérêt au Japon, une première depuis plusieurs décennies, a ébranlé les fondements de cette pratique. L’incertitude des futures décisions de politique monétaire, conjuguée à la volatilité du yen, a provoqué une onde de choc en août sur les marchés boursiers, en particulier nippons.
Différentiel de taux d'intérêt
Le principe de cette manœuvre financière repose sur un différentiel de taux d’intérêt entre deux devises. Les investisseurs empruntent en yen et profitent de taux bas pour financer l’achat de devises offrant un rendement supérieur. L’origine de cette pratique remonte à 1999 et a pris de l’ampleur sous l’influence de la politique d’assouplissement quantitatif de l’archipel. Cette tactique a atteint des sommets en 2023, période où la Réserve fédérale américaine a relevé ses taux, tandis que la Banque du Japon maintenait les siens en territoire négatif.
Une pratique fragile
Cependant, elle n’est pas sans risque, car elle dépend de la stabilité des taux d’intérêt et des taux de change. Les récentes craintes d’un atterrissage brutal de l’économie américaine ont mis en lumière la fragilité de cette approche.
En effet, le carry trade est influencé par les fluctuations monétaires et les anticipations de taux. L’évocation de hausses de taux au Japon et de baisses potentielles aux Etats-Unis a entraîné une appréciation du yen de 12% en un mois, érodant les gains du carry trade yen-dollar. Les investisseurs ont été contraints de liquider d’autres actifs pour couvrir leurs positions déficitaires en yen, marquant ainsi un tournant dans l’histoire de cette stratégie financière. Les traders, autrefois confiants dans la stabilité du système, doivent désormais naviguer avec prudence dans ce nouveau paysage économique.
Une version de cet article est parue dans Arcinfo.