La bcn Actualites et medias Actualités Des rétropédalages périlleux

Des rétropédalages périlleux

DurabilitéEconomieInvestissement

21.01.2025, par Victor Vogt, Resp. Asset Management

Hier, Donald Trump, pour qui le réchauffement climatique est «un canular», s’est réinstallé à la tête du deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre. 

Il a promis qu'il sortirait à nouveau de l'Accord de Paris conclu à la COP21 en 2015, soustrayant ainsi les Etats-Unis de l'engagement à réduire leurs émissions. D’autres pays, comme l’Angleterre ou l’Ecosse, ont déjà revu leurs ambitions climatiques à la baisse tout en sachant que les engagements actuels cumulés des pays mènent à seulement 2,6% de baisse des émissions en 2030 au lieu des 43% préconisés.

Durabilité moins prioritaire

Du côté des entreprises aussi, la durabilité semble chaque jour descendre dans la liste des priorités stratégiques. En 2024, Coca-Cola a revu à la baisse ses ambitions en matière de lutte contre la pollution plastique, ceci au lendemain de l’échec des négociations des Nations Unies autour du traité mondial sur les plastiques. Shell et BP sont eux revenus sur leurs objectifs de réduction de production d’hydrocarbures. Plus récemment, Unilever, autrefois considéré comme pionnier dans le domaine, a décidé de regrouper le développement durable avec la communication externe et les affaires publiques, multipliant ainsi les conflits d’intérêts et les risques de greenwashing.

Coup dur pour la finance verte

L’enthousiasme s’estompe également du côté des investisseurs. Le secteur mondial des énergies renouvelables a perdu un quart de sa valeur en 2024 quand la quasi exclusivité des indices ont terminé dans le vert. Le dernier coup dur pour la finance verte est récemment venu de Blackrock qui a fait un pas en arrière dans la lutte contre le changement climatique avec son retrait de l’initiative Net Zero Asset Managers. Ce départ intervient après une démarche similaire de plusieurs grandes banques américaines du programme Net Zero Banking Alliance. Ces mesures reflètent la volonté des groupes de se protéger de la pression politique croissante à l'occasion du retour de Donald Trump. 

Une vision à courte terme qui interpelle alors que le coût des catastrophes naturelles liées au dérèglement climatique est exceptionnellement élevé en 2024 et que celle-ci détient désormais le titre d'année la plus chaude jamais enregistrée.

Une version de cet article est paru dans Arcinfo.