Comment mettre du beurre dans les épinards une fois à la retraite
D’après les chiffres publiés par l’Office fédéral des assurances sociales (La prévoyance vieillesse suisse – L’essentiel expliqué simplement), en Suisse, en 2015, 24,8% des rentiers touchaient uniquement les prestations de l’AVS (1er pilier), c’est-à-dire que près d’une personne sur quatre arrivée à l’âge de la retraite n’a jamais exercé d’activité lucrative.
Le calcul des rentes dépend, du revenu et de la durée de cotisation des rentiers, mais même en ayant exercé une profession et cotisé durant toute sa carrière (1er et 2ème pilier), les rentes perçues peuvent être très inférieures au montant maximum qu’il est possible de toucher. Pour les personnes actives professionnellement, il est également possible de constituer une prévoyance privée, pour venir compléter le montant de sa rente. Ce 3ème pilier donne également des avantages fiscaux en déduction du revenu imposable.
On vous donne quelques pistes pour préparer votre prévoyance vieillesse, afin d’éviter une situation financière délicate une fois l’âge de la retraite atteint.
Les placements
A l’heure actuelle, les méthodes d’épargne traditionnelles ne permettent plus d’obtenir des rendements intéressants; se tourner vers les placements peut se révéler une bonne alternative pour faire fructifier son argent et améliorer sa retraite, mais tout dépend de sa situation personnelle, de son patrimoine global, de son budget et de ses objectifs. Il faut déterminer, avec son conseiller, son profil d’investisseur et son horizon temps. Ce dernier est plus court que lorsqu’on décide de placer ses liquidités à 30 ans; le profil de placement doit être adapté et il convient d’être moins gourmand sur les attentes de rendements. En effet, dès qu’on parle de retraite, il est primordial de viser un rendement moyen sur le long terme et de ne pas tenter des expérimentations.
Poursuivre son activité professionnelle
Pour certains, continuer à travailler au-delà de l’âge légal de la retraite représente un bon moyen de conserver un certain niveau financier. Ici, plusieurs éléments sont à prendre en compte: est-ce que l’employeur donne la possibilité de le faire? Est-on encore en santé pour exercer? Vaut-il la peine de continuer à travailler, alors que la tendance des taux de conversion de son 2e pilier est à la baisse? Quel sera l’impact sur la charge fiscale? Seul un check-up individuel avec l’aide d’un spécialiste en planification financière permet de mettre en place, dès l’âge de 50 ans, des mesures en fonction de ses propres objectifs et de sa fortune pour déterminer s’il y a une nécessité de travailler au-delà de l’âge légal de la retraite.
De plus, les bénéfices financiers liés à la poursuite d’une activité professionnelle ne se limitent pas au simple salaire. Si un retraité a la possibilité et souhaite poursuivre une activité lucrative, il peut demander un ajournement de sa rente AVS d’un à cinq ans. Celle-ci sera dès lors majorée avec un supplément mensuel une fois à la retraite. Dans le cadre de son 2e pilier, il faudra se référer au règlement en vigueur afin de connaître les modalités quant à une retraite différée. Concernant le 3e pilier, un retraité poursuivant une activité avec un revenu soumis aux cotisations AVS peut continuer à effectuer des versements déductibles de son revenu imposable.
Réforme des retraites : la solution à court terme ?
Les différentes analyses montrent que depuis 2002, les rentes projetées des 1er et 2e piliers ont diminué, la lacune de prévoyance ne cessant de croître: augmentation de l’espérance de vie, faiblesse des rendements et baisse des taux de conversion en constituent les raisons principales.
Une des mesures de la réforme AVS 21 proposée par le Conseil fédéral est l’harmonisation de l’âge de référence à 65 ans, soit une augmentation de l‘âge de la retraite d’un an pour les femmes. D’autre part, la réforme améliore la flexibilisation de la retraite déjà existante via différentes mesures, afin d’encourager à poursuivre l’exercice d’une activité lucrative. Il est prévu que la réforme AVS 21 puisse amener des solutions pour la population suisse jusqu’en 2030, mais quid du long terme ? Initialement prévue au 1er janvier 2022 avant l’arrivée de la pandémie et d’un éventuel référendum, il faudra encore patienter quelques temps avant son entrée en vigueur ou celle de sa camarade LPP 21.
D’autres alternatives pour les rentiers ?
Il est important d’anticiper, car les mesures d’optimisation s’amenuisent après l’entrée en retraite. D’ordinaire, des solutions d’assurance sont possibles, mais la faiblesse actuelle des rendements constitue un vrai bémol. Si un retraité a opté pour un retrait – même partiel – de son 2ème pilier sous forme dite en «capital» au moment de son entrée en retraite, il pourra s’orienter vers des investissements pour faire fructifier cet avoir.
Pour les propriétaires de bien immobilier, une source de financement existe au moyen d’un emprunt hypothécaire ou de l’augmentation de ce dernier dans les limites et ratios usuels des banques. Enfin, vendre à terme son bien immobilier peut permettre de dégager des liquidités.
En résumé
- Anticiper, afin de ne pas se trouver en situation financière délicate une fois rentier.
- Pour les personnes en activité, penser à contracter un 3ème pilier privé, fiscalement déductible, pour compléter ses rentes.
- Déterminer, avec son conseiller, son profil d’investissement dans l’idée de faire fructifier son argent dans des placements.
- Dès 50 ans, anticiper la possibilité ou non de prolonger son activité lucrative au-delà de l’âge légal de la retraite, en fonction de son budget et de sa fortune.
Une version de cet article est parue dans Générations.