«Après des années d’absence, les obligations de caisse font leur retour»
Avant de placer son argent, Fabrice Mei, responsable du Centre de conseils de la Grande Béroche, rappelle qu’une analyse des besoins doit être faite. En effet, les investissements réalisés ne doivent aucunement mettre en difficulté les personnes qui les réalisent.
Quand un client vient vous voir et dit qu’il aimerait placer son argent ou investir. Que se cache-t-il derrière cette demande?
Fabrice Mei : Soit il souhaite se constituer un capital et le client vient se renseigner ; nous pouvons alors lui proposer le plan d’épargne en fonds. Soit il dispose déjà de liquidités, peut-être lors d’un héritage, d’une donation ou suite à la vente d’un bien immobilier et désire connaître les possibilités d’investissement pour faire fructifier ce patrimoine.
Dans ce cas, que cherchez-vous à comprendre ?
Nous l’invitons à se poser les bonnes questions afin d’analyser ses besoins. Tout d’abord sur trois axes :
- Quelle est sa situation financière globale (ses revenus, son patrimoine, ses avoirs de prévoyance, etc.) ?
- Quels sont ses projets et donc ses besoins financiers (par exemple en liquidités, pour bénéficier d’une retraite anticipée, acquérir une résidence secondaire, etc.)?
- Quel est son budget : est-il équilibré ? Possède-t-il toujours une capacité d’épargne ou au contraire, doit-il consommer sa fortune pour assurer son train de vie ?
Cette analyse des besoins du client débouche ensuite sur son profil d’investisseur?
Oui, il faudra déterminer le montant, sur quel horizon temps et quel risque il est prêt à prendre. Dans mes clients, certains ne veulent prendre aucun risque et il n’y a même pas besoin d’aller dans ces niveaux de détails. Cela faisait un certain nombre d’années que je n’avais plus guère proposé d’obligations de caisse, mais avec la remontée des taux d’intérêt, un rendement sans risque - 1,25% sur 5 ans ou 1,65% sur 10 ans par exemple (taux au 05.09.2022) - est aujourd’hui possible. En plus du profil d’investisseur, nous abordons les thèmes liés à la durabilité afin de bien comprendre les attentes de nos clients dans ce domaine.
Et pour ceux qui sont un peu plus téméraires?
En fonction de leur profil d’investisseurs, nous pouvons leur proposer tout d’abord les fonds de placements durables de la BCN. Ils sont bien diversifiés et correspondent aux profils «revenu» et «équilibré», des stratégies d’investissement privilégiées par la très grande majorité. Au niveau des clients privés, les profils «croissance» et «actions» sont moins fréquents.
J’ai 30’000 francs sur mon compte épargne. Cela vaut-il la peine de les placer?
Oui, si vous n’avez pas besoin de ce capital durant les prochaines années. Si je schématise, on peut dire dès les premiers francs pour les plans d’épargne en fonds, dès 30'000 pour les fonds de placement BCN et dès 150'000, on peut ajouter à ces derniers d’autres véhicules d’investissements, comme des fonds immobiliers ou des produits structurés. Mais chaque situation est particulière. Grâce à nos mandats de conseils, par exemple avec l’option dynamique, le client bénéficie de nos conseils en placements et d’une revue d’adéquation, une fois par année, entre son profil et son portefeuille.
Et en termes de rendement, à quoi faut-il s’attendre?
Mon rôle est d’accompagner nos clients dans tout ce cheminement puis de les orienter conformément leur profil d’investisseur et à leurs attentes. S’ils souhaitent un rendement de 8% sans risque, c’est à moi de leur expliquer que ce n’est actuellement pas possible. Si on regarde l’historique, un fonds de placement avec la stratégie «revenu» performe entre 2 et 3% par année sur dix ans.
Avec toute la volatilité et un contexte international très tendu, est-ce vraiment le bon moment d’entrer sur les marchés financiers?
C’est vrai que la volatilité va subsister ces prochains mois et la lecture des marchés financiers n’est pas aisée, mais il existe toujours des opportunités d’investissement à saisir. Si le plan d’épargne en fonds lisse le risque, on peut aussi conseiller à un client d’échelonner son entrée sur les marchés en fonction de sa surface financière.
Propos recueillis par Marie-Laure Chapatte, responsable Communication & Pôle économique